La nostalgie des grands Pays-Bas

Un important courant orangiste à survécu à la Révolution belge de 1830. Aussi actif à Liège qu’à Anvers, majoritairement libéral mais avec une participation catholique nullement négligeable, il a été dominant au sein de l’élite alors francophone au nord comme au sud du pays (1830-1850)

   Du soutien à l’installation de John Cockerill en bord de Meuse à la fondation des Universités de Gand et de Liège, sans parler de la refondation de Louvain sous statut public, les bicentenaires célébrés en 2017 ont remis en relief le rôle joué par Guillaume Ier d’Orange-Nassau dans nos contrées après que le congrès de Vienne l’y avait appelé à régner. Il y a 80 ans déjà, Robert Demoulin dressait un vaste bilan de l’action du Souverain en faveur de la transformation économique des provinces belges [1]. L’historiographie, naturellement plus encline à rechercher les griefs qui expliquent la Révolution de 1830, fit longtemps peu de cas de cette dimension. Elle ignora ou minimisa tout autant, pour les mêmes raisons, l’existence et la persistance en Belgique d’un courant opposé à la scission du Royaume-Uni des Pays-Bas. Il aura fallu, pour que soit prise toute la mesure de cet orangisme belge, l’étude volumineuse que lui a consacrée Els Witte, professeur émérite de la Vrije Universiteit Brussel [2].

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Actrices ou spectatrices, les femmes oubliées de 1830

De milieux populaires, elles furent présentes sur le terrain pour approvisionner et soutenir les volontaires pendant les journées de septembre à Bruxelles. Au sein de la bourgeoisie et de la noblesse, leur influence a pu s’exercer sur leurs proches ou dans leur cercle. Rejet des violences et défense de la foi sont chez elles des thèmes récurrents (1830)

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La Révolution de 1830 par Adèle Kindt (1804-1884). (Source: musée de la Ville de Bruxelles; n. 1, cover)

   « Pourquoi pas ? » Ce fut notre première réaction quand Soraya Belghazi nous fit part de l’essai qu’elle a consacré aux femmes dans la Révolution de 1830. En même temps, nous ne pouvions nous empêcher de craindre pour elle qu’en voulant combler un vide historiographique évident, elle n’ait guère pu déboucher que sur un constat de carence. Si la Révolution brabançonne de 1789 a fait passer quelques noms féminins à la postérité, il n’en est plus allé de même quarante ans après. Effet du Code Napoléon, venu entre-temps réserver strictement la scène politique aux hommes ?

   La chercheuse ne s’est pas découragée et ce fut avec raison. Elle nous offre un bel ouvrage [1]. Diplômée en sciences politiques à Paris, vivant à Bruxelles où elle travaille pour une association professionnelle dans le secteur privé, Soraya Belghazi s’est passionnée pour notre histoire dont elle a acquis une parfaite maîtrise. Nous n’y avons pas trouvé de ces petites fautes typiques par lesquelles on reconnaît tout de suite une plume française! Le contingent des archives écrites sur lesquelles elle se fonde aurait pu être plus étoffé (documents, mémoires et correspondances publiés ou numérisés, deux journaux bruxellois et deux gantois…), mais le sujet est au moins défriché. L’étude se signale en outre par une exploitation originale et fructueuse des gravures et caricatures d’époque.

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