Retour au bercail pour le Limbourg hollandais ?

Les milieux industriels de Maastricht et des environs ont-ils été plus enclins à soutenir le projet d’annexion porté par les partisans de la « grande Belgique » ? En dehors de quelques cas notoires, les acteurs économiques semblent avoir été généralement plus réservés. Même l’Eglise catholique est restée pronéerlandaise (1918-1919)

   Le 24 décembre 1918, l’agent de police Max Cappel remettait au procureur de la Reine du tribunal d’arrondissement de Maastricht le rapport qui lui avait été demandé sur les courants militant en faveur d’un retour du Limbourg hollandais à la Belgique. De ses conclusions, il ressortait qu’outre-Moerdijk, l’idée chère à nos nationalistes faisait surtout recette dans le milieu des grands industriels et commerçants. Confirmation moins d’un an plus tard, en automne 1919, par l’économiste renommé Johan Nederbragt, chargé d’indaguer par le ministère néerlandais des Affaires étrangères: il épinglait lui aussi le monde des affaires. La recherche historique a suivi la même piste. Selon Maria De Waele, qui fait autorité sur le sujet depuis sa thèse défendue à l’Université de Gand en 1989, la campagne annexionniste fut surtout soutenue, au moins en coulisses, par d’importants industriels maastrichtois.

   Et pourtant, s’il faut en croire l’étude récente d’Eddy de Beaumont, diplômé des Universités de Tilburg et Amsterdam, il y aurait lieu de nuancer quelque peu ces constats [1]

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L’autre silence papal: Benoît XV et la Grande Guerre

Comme Pie XII pendant le deuxième conflit mondial, le Pape s’est plié à la règle de l’impartialité qu’impose l’universalité de l’Eglise. En s’abstenant de condamner publiquement les atrocités allemandes en Belgique, il a évité d’exposer la population à des représailles mais s’est heurté à l’incompréhension (1914-1918)

   Un nom qui restera lié au souvenir d’une « immense omission » , d’un « des plus grands silences de l’histoire » : telle est, sous la signature de Maurice Geneste, l’appréciation portée par le journal catholique namurois Vers l’avenir, le 23 janvier 1922, sur la figure de Benoît XV au lendemain de son décès [1].

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Au service de la « légende noire » anti-espagnole

Rallié à la révolte des Pays-Bas contre les « infâmes Ibères », l’humaniste brugeois Bonaventura Vulcanius s’est répandu en pamphlets et poèmes virulents, notamment contre le gouverneur général don Juan d’Autriche. Il a pourtant continué à fréquenter le camp catholique, peut-être en mission secrète de renseignement (1572-1607)

   « Et alors ? Les dieux ne voient-ils pas d’un bon œil la fureur espagnole (ferocia Ibera), / ou vous favorisent-ils, vous Belges, qui avez subi tant de malheurs ? » . La question est évidemment rhétorique, la seconde réponse allant de soi, dans ces vers datés de 1578. Catholiques et protestants sont alors soulevés contre la domination espagnole depuis plus de dix ans. L’auteur, l’humaniste Bonaventure de Smet ou Bonaventura Vulcanius, a pris plus d’une fois la plume contre les serviteurs et la soldatesque de Philippe II. Ses écrits en latin, parfois en grec, ciblant plus particulièrement le gouverneur général don Juan d’Autriche, ont fait récemment l’objet d’une édition critique due à Eduardo del Pino (Universidad de Cádiz) [1].

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