Une très persistante mémoire locale veut qu’un vénérable édifice appelé « la Belle Maison » , qui se dresse à l’orée du bois de Colfontaine à Pâturages, ait été construit ou à tout le moins occupé temporairement par Fénelon, entre les années 1690 et sa mort en 1715. Que le domaine ait aussi reçu le nom de Bois l’Évêque n’a pu que renforcer l’idée d’un lien privilégié avec le prélat et écrivain français. D’aucuns se sont même plu à l’imaginer trouvant, auprès des ruisseaux ou au détour des sentiers bordés de charmes, l’imagination dont naîtrait son Télémaque. Mais il y a de la concurrence: celle notamment du village de Meslin-l’Évêque (Ath), qui affiche lui aussi sa « maison Fénelon » et ses paysages bucoliques, où on ne peut que rêver à l’épopée romanesque du fils d’Ulysse et de Pénélope… Pour l'(les) auteur(s) de l’article consacré à l’archevêque de Cambrai dans l’encyclopédie en ligne Wikipedia, il n’est pas douteux que « vers 1700, il habita quelque temps en Belgique dans une demeure, longtemps appelée « la Belle Maison » , se trouvant aux limites des communes de Pâturages et d’Eugies, puis il se retira dans son archevêché » [1].

Il y a belle lurette, pourtant, que des doutes se sont élevés. Dans le cas de Meslin-l’Evêque, la légende d’une carte postale ici reproduite et datée d’il y a plus d’un siècle nous dit qu’il est « fort peu probable » que le grand homme ait résidé dans sa supposée maison, destinée « probablement » à un régisseur. En 1996, Jean-Marie Cauchies, professeur aujourd’hui émérite de l’Université Saint-Louis (Bruxelles) et de l’Université catholique de Louvain, enfonçait le clou pour de bon: l’origine du toponyme « Bois l’Evêque » est bien antérieure à Fénelon et « la Belle Maison » n’a pas pu être bâtie avant le troisième quart du XVIIIè siècle [2].
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