Sur les traces du national-socialisme

Le château de Wégimont transformé par la SS en « usine à bébés » aryens. Les premières infrastructures de l’aéroport militaire de Melsbroek construites par les Allemands. Le quartier chic de Schaerbeek où vécut la future Madame Goebbels avec sa mère et son (beau-)père juif… (1906-1945)

   Les visiteurs qui, pendant la belle saison, s’égaient au domaine et aux attractions du château de Wégimont (Soumagne), aujourd’hui propriété de la Province de Liège, sont très loin pour la plupart d’imaginer de quoi ces lieux enchanteurs furent le théâtre pendant la Seconde Guerre mondiale. Sous l’égide de l’organisation Lebensborn ( « Fontaine de vie » ), créée et dirigée par la SS, l’occupant allemand installa ici un véritable haras humain, sous le nom de Heim Ardennen ( « maison ou maternité des Ardennes » ), rebaptisé par la population locale « l’usine à bébés » – aryens, bien entendu.

   Cet épisode constitue un des volets du documentaire par lequel RTL TVI, avec l’aide d’une série de journalistes et d’historiens (dont votre serviteur), a entrepris de cheminer sur les traces du national-socialisme en Belgique [1]. Les futures mères accueillies dans la pouponnière soumagnarde pouvaient être des jeunes femmes qui, ayant « fauté » avec un grand blond aux yeux bleus, trouvaient ici la possibilité d’accoucher dans l’anonymat qui les mettaient à l’abri de l’opprobre. Mais il pouvait aussi s’agir de partisanes du Grand Reich venues s’accoupler avec l’un ou l’autre de ses militaires ou serviteurs, Himmler ayant encouragé ceux-ci à procréer abondamment, y compris hors des liens du mariage. De quoi accréditer l’idée que les institutions du Lebensborn furent – aussi – des bordels nazis. La syphilis fit des ravages à Wégimont, frappant même l’adjoint de l’officier placé à sa tête, le commandant Pletsch, qui la transmit à une dactylo, alors qu’une cuisinière belge en infecta un sergent SS flamand…   

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