« Amadis » , chevalier modèle et phénomène éditorial

La célèbre romance ibérique a connu pas moins de 66 éditions néerlandaises en 80 ans, la première par l’imprimeur anversois Martin Nuyts en 1548. Mais le récit qui fascina le Don Quichotte de Cervantes eut aussi ses contempteurs. L’humaniste Juan Luis Vives le fit figurer parmi « les livres pestilentiels » (XVIe-XVIIe siècles)

   Faut-il y voir une illustration de cette « première globalisation » que des historiens font survenir à partir de 1500 environ ? Toujours est-il qu’à cette époque, la littérature en provenance du monde ibérique se répand comme traînée de poudre, non seulement dans nos Pays-Bas, alors liés politiquement et commercialement à l’Espagne, mais aussi dans d’autres espaces, français notamment.

   Les imprimeurs et les traducteurs constituent, bien sûr, la principale courroie de transmission culturelle. Et le centre européen par excellence à cet égard n’est autre qu’Anvers. On y touche le sommet avec la diffusion de l’Amadís de Gaula (Amadis de Gaule), célèbre roman de chevalerie dont l’origine demeure discutée. Sa plus ancienne édition/adaptation connue, due à l’écrivain Garci Rodríguez de Montalvo, est datée de 1508, à Saragosse. De cette œuvre, Rita Schlusemann (Institut für Deutsche und Niederländische Philologie, Freie Universität, Berlin) a retracé le parcours remarquable en terres néerlandophones [1].

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