L’ambigu « cadeau » de Charles le Téméraire aux Liégeois

Souvent considéré comme un acte de repentance après le saccage de la ville, le don du célèbre reliquaire, grand chef-d’œuvre de l’orfèvrerie du temps, fut plutôt une manière d’affirmer l’emprise du duc de Bourgogne, « gardien et avoué souverain héréditaire » des églises locales et de la principauté (1467-1471)

   Les Liégeois doivent au (trop) hardi successeur de Philippe le Bon d’avoir vu leur ville mise à sac, certes, mais aussi de détenir un des tout grands chefs-d’œuvre d’orfèvrerie du temps. J’ai cité, bien sûr, le reliquaire de Charles le Téméraire, selon l’appellation discutable que l’usage a consacrée. Mais quel sens donner à un « cadeau » offert dans pareil contexte ? Pour prendre à bras-le-corps cette question ouverte depuis cinq siècles et demi, Philippe George, conservateur honoraire du Trésor de Liège (cathédrale) où le joyau est conservé, était des plus idoines [1].

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La main toujours plus haute des ducs de Bourgogne

L’emprise croissante du pouvoir princier se révèle à travers les négociations dynastiques et commerciales anglo-bourguignonnes dans le contexte de la transition entre Philippe le Bon et Charles le Téméraire. Le premier s’appuie sur une assise large de groupes intéressés. Le second ne se fie qu’à ses confidents (1465-1468)

   Entre l’unificateur des anciens Pays-Bas et l’autoproclamé grand-duc d’Occident, les dissemblances ont été actées de longue date dans l’historiographie. Elles s’étaient concrétisées jusque dans la manière d’organiser l’action diplomatique, ainsi qu’il ressort d’une communication faite au tout récent Congrès des cercles francophones d’histoire et d’archéologie, réuni à Tournai [1]. Docteur en histoire de l’Université libre de Bruxelles et lecturer (maître de conférences) à l’Université d’Oxford (Harris Manchester College), Michael Depreter a focalisé son inventaire des différences sur la période même où s’opéra la transition entre Philippe le Bon (1419-1467) et Charles le Hardi (ou le Téméraire, 1467-1477). Le moins qu’on puisse dire du changement intervenu alors est qu’il ne donna pas « du temps au temps » …

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