Et les occupés devinrent occupants…

Entre Clèves et Aix-la-Chapelle, puis jusqu’à Monschau et Blankenheim et un temps dans la Ruhr, la Grande Guerre a été suivie par une longue présence armée des Belges en Allemagne. Ces années au bord du Rhin, dans le cadre des politiques alliées de sécurité et de réparations, n’ont pas été exemptes de violences de part et d’autre (1918-1930)

   Pendant près de douze ans, de décembre 1918 à juin 1930, la Belgique a occupé, entre Clèves et Aix-la-Chapelle, ceux qui l’avaient précédemment envahie. La zone s’est élargie ensuite vers l’ouest jusqu’à Monschau et vers l’est jusqu’à Blankenheim pour atteindre une superficie de  5564 km², équivalant à un peu plus que nos actuelles provinces de Liège et de Brabant wallon augmentées de la Région de Bruxelles-Capitale. Une population de près de 1,5 million d’habitants s’est trouvée surveillée, voire punie, par des effectifs qui ont grimpé jusqu’à un pic de 48.000 hommes et 2000 officiers en mars 1919. Cet épisode, qui n’est pas le plus familier au grand public, a trouvé son historienne en Anne Godfroid, docteure de l’Université libre de Bruxelles et de l’Ecole royale militaire, travaillant au musée royal de l’Armée [1].

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A Vogelsang, des militaires belges au milieu des fantômes de l’élite nazie

Pendant plus d’un demi-siècle, les Forces belges en Allemagne ont occupé à Schleiden (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) le site de la forteresse où avaient été formées les élites du régime national-socialiste. Nos militaires y ont vécu parmi les décorations et les sculptures exaltant la mythologie germanique et les « Übermenschen » (1950-2005)

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En haut, la caserne Van Dooren, érigée par les Belges sur  les fondations, datées de 1941, de ce qui aurait dû être la « maison du savoir » . En bas, un bâtiment administratif doté d’un cinéma de plus de 1000 places, élevé sur les fondations d’un auditorium. (Source: photos P.V.)

   Dans les derniers jours de décembre 2005, sans tambour ni trompette, l’armée belge remettait aux autorités allemandes sa dernière implantation importante en RFA: le camp d’entraînement de Vogelsang, situé sur le territoire de Schleiden en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, non loin de nos frontières (Eupen est à une quarantaine de kilomètres). Dès le 1er janvier suivant, le domaine était intégré au Parc national de l’Eifel.

   Ainsi s’achevait une histoire de plus d’un demi-siècle, au cours duquel nos militaires auraient pu croiser – s’ils existaient – les fantômes des seigneurs de la race aryenne. C’est que ces lieux avaient été, avant la Seconde Guerre mondiale, une des trois « forteresses de l’ordre » (Ordensburgen) où furent formées les futures élites du régime national-socialiste. Depuis septembre 2016, le visiteur y trouve deux musées à la scénographie ultramoderne, dont l’un est consacré à la nature environnante et l’autre à ce que fut l’école des Herrenmenschen. Un livret et un ouvrage de référence ont été publiés à cette occasion, qui font aussi sa place au passé belge du site [1].

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