L’homme du roi dans l’aventure mexicaine

Chercheur de colonies pour la Belgique en Océanie, proche conseiller de l’empereur Maximilien du Mexique et tombé avec lui, bouc-émissaire de ses partisans français, autrichiens et mexicains, pionnier des ambulances de la Croix-Rouge en temps de guerre: c’est une vie peu banale que celle de Félix Eloin (1845-1888)

   « La vie extraordinaire du Namurois Félix Eloin » [1]: ce titre donné à un article qui récapitule et complète les travaux, à vrai dire peu nombreux, consacrés à un personnage largement oublié, pourrait paraître galvaudé. Il n’en est pourtant rien. C’est sur un destin réellement hors du commun que nous instruit Philippe Jacquij, président de la Société royale des Amis du musée de l’Armée.

   Né à l’ombre de Saint-Aubain, donc, en 1819, cofondateur de la Société archéologique de Namur dès 1845, notre homme est promu, dans le fil de sa formation, sous-ingénieur des Mines à Liège en 1856. Il doit sans doute sa place dans l’ascenseur vers les hautes sphères au général Pierre Chazal, ministre de la Guerre de 1847 à 1850 et de 1859 à 1866, dont il est proche au point de se dire son « filleul » (maçonnique ?). Les portes de la Cour ne tardent pas à lui être ouvertes. Il y gagnera les faveurs de poids de Jules Van Praet et Jules Devaux, proches collaborateurs du Roi et du Prince héritier.

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Les imprimeurs sur lesquels le soleil ne se couchait jamais

Quatre maisons anversoises ont dominé le marché des livres provenant des Pays-Bas méridionaux dans le Mexique colonial du XVIè siècle. Les activités développées à destination de l’Espagne et des cercles hispanophones de nos régions ont préparé ce rayonnement dans une Amérique déjà riche en bibliothèques et en librairies (1529-1589)

A l’importance de son port dans l’espace hispanique du XVIè siècle, Anvers ajoute d’être alors la première ville des Pays-Bas méridionaux pour le secteur de l’imprimerie. Elle est suivie de loin par Louvain et Bruges, Bruxelles n’étant pas dans la course à cette époque. A l’international, une recherche menée sur les premières décennies du livre en Nouvelle-Espagne (pour l’essentiel, le Mexique actuel) confirme le leadership: 81 % des ouvrages « flamands » (au sens large) qui ont traversé l’Atlantique sont anversois et 16 % louvanistes. Les ateliers des familles Steelsius (30 %) et Plantin (26 %) se taillent la part du lion sur ce marché, devant la famille Nutius (10 %). Une quatrième, Bellerus, commence à percer.

Ces données sont sorties de la calculatrice de César Manrique Figueroa (Katholieke Universiteit te Leuven), sur la base d’un échantillon de 531 publications passées des presses du plat pays au cœur du défunt Empire aztèque, entre 1529 et 1589 [1]. L’historien les a retrouvées dans des bibliothèques et des inventaires, tant privés qu’institutionnels, où  manquent fatalement à l’appel les exemplaires, nombreux sans doute, perdus ou dispersés au fil des siècles. La présence d’ex-libris ou d’autres indices, dans la majorité des pièces survivantes, permet en revanche d’assurer que la plupart ont bien été acquises pendant la période coloniale et non ultérieurement. L’année 1529 est celle du livre le plus ancien. 1589 est celle de la mort de Christophe Plantin. Entre les deux, ses concurrents sur le même terrain ont été eux aussi en pleine activité. Continuer à lire … « Les imprimeurs sur lesquels le soleil ne se couchait jamais »