
Si les grottes de Goyet ont été découvertes il y a belle lurette, elles peuvent encore offrir matière à surprises archéologiques. Ainsi une équipe y a-t-elle mis au jour, en 1998-1999, un vaste réseau de galeries et une sépulture d’enfant néolithique, datée d’il y a quelque 4500 ans. Ce n’est pourtant pas une exhumation nouvelle qui a valu au site de Gesves de susciter, en décembre 2016, l’intérêt de nombreux médias. Il s’agit en fait du réexamen de matériaux trouvés par ceux qui donnèrent ici les premiers coups de pelle, dans le dernier tiers du XIXè siècle et au début du XXè.
Un réexamen parce que le drame de Goyet est d’avoir été exploité trop tôt, selon des méthodes forcément étrangères aux standards scientifiques actuels. Le principal pionner que fut le géologue dinantais Edouard Dupont vida trop rapidement la caverne principale, bâclant les relevés stratigraphiques autant que la vingtaine de pages qu’il publia en guise de bilan. Ses successeurs ne firent guère mieux et des pièces appartenant aux époques les plus éloignées furent mélangées. Ceci dit, il fallait aussi disposer des techniques de pointe en usage actuellement pour arriver, sur la base de fragments des plus épars, au constat que ces cavernes eurent, parmi leurs occupants successifs, des néandertaliens anthropophages, « recyclant » en outre les os de leurs semblables en outils! Car telles sont bien les conclusions de la recherche conçue par Hélène Rougier (California State University Northridge) et Isabelle Crevecœur (Université de Bordeaux), avec onze autres experts de disciplines diverses, français, allemands, espagnols, néerlandais et belge (Patrick Semal, Institut royal des sciences naturelles de Belgique, IRSNB). Les résultats ont été publiés par la revue Scientific Reports [1].
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