Tapis rouge à l’Est pour nos hommes politiques

Une ou deux fois par an dans la décennie 1980, le président des sociaux-chrétiens flamands Frank Swaelen s’est rendu dans les pays socialistes d’Europe de l’Est. Officiellement, la paix et la sécurité étaient à l’ordre du jour. En fait, il s’agissait surtout de favoriser les liens économiques et de donner des gages à nos pacifistes (1984-1988)

   Entre 1984 et 1988, Frank Swaelen (1930-2007), alors président du Christelijke Volkspartij (CVP [1]), a effectué à ce titre pas moins de six voyages dans les pays socialistes où il rencontra des dirigeants et représentants politiques jusqu’au plus haut niveau. Il s’est ainsi rendu successivement en Union soviétique (1984), en Roumanie (1984), en Hongrie (1985), en Tchécoslovaquie (1986), en Bulgarie (1986) et en République démocratique allemande (1987). Pendant la même période, on ne trouve traces que de deux voyages hors du bloc de l’Est, aux Etats-Unis (1983) et en Autriche neutre (1986).

   Pieterjan Douchy (Katholieke Universiteit Leuven) vient de livrer un premier éclairage sur ces étonnants déplacements à partir des archives de l’homme politique anversois, qui fut brièvement ministre de la Défense nationale (1980-1981) – alors que sa spécialité était l’enseignement! – et ultérieurement président du Sénat (1988-1999) [2].

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Nos ancêtres avaient-ils meilleur air ?

Une hausse de 10 microgrammes de carbone suie par mètre cube d’air dans nos villes augmenterait de 7,1 % la mortalité naturelle. L’effet des autres polluants est nettement moindre. Mais on n’était guère mieux loti quand la révolution industrielle crachait feu et fumées ou quand les activités génératrices de nuisances proliféraient au cœur des cités

   S’il faut en croire l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air dans l’espace public a été en 2019, pour l’ensemble de la planète, la cause de quelque 4,2 millions de décès prématurés. Et la Belgique, en raison de sa grande densité, ne fait pas précisément partie des pays jugés les plus « respirables » .

   Pour objectiver autant que possible nos conditions écologiques, une étude a été menée dans les neuf plus grandes agglomérations du royaume (représentant 52,9 % de la population). Il s’est agi d’évaluer les liens possibles entre la mortalité naturelle et l’exposition à court terme de groupes potentiellement vulnérables à cinq polluants (dioxyde d’azote, ozone, carbone suie et deux variétés de particules fines) [1]. La recherche a porté sur les années 2010 à 2015. Ses auteurs sont attachés à l’Agence interrégionale belge de l’environnement (Irceline), à l’Institut flamand de recherche technologique (Vito), au centre de recherche sur la santé Sciensano ou aux Universités de Hasselt ou de Louvain (Leuven).

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L’éternel retour des communiants

L’accès des enfants à l’eucharistie donne lieu à une préparation et une cérémonie publique qui n’ont cessé de gagner en importance. Quantités de coutumes sont venues se greffer à la fête, mais ce sont les plus profanes qui ont survécu. Que reste-t-il de l’attention portée naguère au suivi spirituel après le grand jour ? (XVIIe-XXe siècles)

   Elle a connu bien des avatars heureux ou non, cette fête aux communiants qui nous revient chaque année pendant le temps pascal, généralement en avril ou en mai. Instant privilégié naguère dans l’existence individuelle et collective, elle constitue aujourd’hui pour beaucoup de familles un des rares moments encore concédés à la pratique religieuse – avec le baptême, le mariage et les funérailles. Mais quel sens lui donnent encore ceux qui y participent ?

   On mesure tout l’écart entre passé et présent à la lecture de l’évocation, par le folkloriste et conteur Marcel Pignolet, de la manière dont fut vécu l’accès des enfants à la sainte table dans l’Ardenne de la première moitié du XXe siècle et en deçà [1]. Les travaux scientifiques édités sur le sujet n’abondent pas. Pour l’ensemble de la Belgique romane, je n’ai rien trouvé de postérieur à la synthèse de Jean Fraikin et Pierre Fontaine, historiens des coutumes et des parlers, qui récoltèrent écrits, objets, images de piété et documents photographiques puissamment évocateurs [2].

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