Ulenspiegel, une légende dans le roman national

Le personnage légendaire transposé par Charles De Coster a pu être embrigadé sous bien des bannières politiques ou philosophiques. Mais en incarnant la révolte des provinces des Pays-Bas contre le centralisme espagnol, il est devenu une icône de la Flandre comme de la Belgique dans leurs multiples visages (XVIè-XXè siècles)

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Deux facéties de Thyl: avoir déclaré qu’il allait s’envoler depuis une fenêtre de l’hôtel de Ville pour mieux se moquer de la masse des « fous » qui l’ont cru; avoir semé la confusion parmi les fermières en leur promettant d’acheter leur lait au prix double, ce qui s’avère impossible parce qu’on ne sait plus quelle quantité chacune a versée dans la bassine. (Source: chromos de Felix Timmermans, éd. Liebig, 1933, https://blog.seniorennet.be/timmermans_fan/archief.php?ID=1716922)

« La Légende d’Ulenspiegel est tout sauf un énoncé consensuel. On peut même affirmer que c’est un texte de combat : un vaste hymne à la liberté, mais une liberté incarnée, celle des corps autant que celle de la pensée » . Ainsi s’exprime Jean-Marie Klinkenberg, en introduction du numéro de la revue Textyles mis en chantier pour marquer le sesquicentenaire de l’œuvre majeure de Charles De Coster (1867) [1]. La lecture du professeur émérite de l’Université de Liège (ULiège), spécialiste des sciences du langage, en vaut bien d’autres. La « liberté » du fils de charbonnier dammois a été si librement interprétée que l’épopée a pu, notamment, se voir diffusée à plus d’un million d’exemplaires dans une dizaine de langues de la défunte Union soviétique. En Belgique, « l’espiègle » – l’étymologie du mot remonte à lui – s’est trouvé embrigadé sous les bannières tantôt du flamingantisme, tantôt de la franc-maçonnerie, tantôt du nationalisme belge, tantôt du socialisme…

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