Arlon, capitale provinciale malgré elle

Promue à la suite de la scission du Luxembourg, sa vie institutionnelle n’a pas été un long fleuve tranquille: un gouverneur enlevé, un autre assassiné, les affres des occupations allemandes… En dépit des remises en cause, la Province est enracinée dans la conscience collective et continue de rendre d’éminents services (1831-)

   La Constitution adoptée par le Congrès national en 1831 le proclame dès son premier article: « La Belgique est divisée en provinces » . C’est assez dire l’importance de ce niveau de pouvoir, relais de la politique gouvernementale, intermédiaire entre l’Etat et les communes, mais aussi mémoire en leur centre de nos anciens comtés, principautés, duchés…, même si elles n’en épousent plus précisément les contours.

   A cette dernière dimension, identitaire, sont particulièrement attachés les Luxembourgeois, ainsi qu’en témoigne le récent ouvrage collectif consacré à leur Palais provincial, en fait à l’institution autant qu’au bâtiment qui l’abrite [1]. Si l’une et l’autre sont aujourd’hui bien ancrés dans la conscience collective, on ne peut oublier que leur existence s’origine dans une grande déchirure.

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Liberté, égalité,… centralité

Sous le régime français ou sous son influence, les Pays-Bas du Sud et du Nord ont connu des évolutions largement convergentes, dans le sens d’un dessaisissement des pouvoirs locaux au profit de l’Etat central. Après Waterloo, cette tendance ne s’est pas réellement inversée (1795-1815)

Entre 1795 et 1815, nos ancêtres ont connu – ou pas – la promulgation de cinq constitutions différentes. Sauf pour la dernière, leur longévité moyenne atteignait donc à peine la durée d’un gouvernement de législature de nos jours. Mais un fil rouge, dont nous dépendons encore dans une large mesure, relie ces textes aussi éphémères dans les faits qu’ils paraissaient sacrés aux yeux de leurs auteurs: c’est celui de l’absorption, progressive ou brutale selon les moments, des pouvoirs locaux par le pouvoir central, déjà amorcée à la fin de l’Ancien Régime, particulièrement sous Joseph II.

Avec le Premier Empire, bien sûr, ce processus culmine. Tout s’y trouve comme manœuvré de haut en bas. Il n’est pas jusqu’à l’Eglise, la famille ou l’école qui ne soient conçues comme autant de rouages de l’administration. Voit-on pour autant l’histoire prendre un cours radicalement différent après Waterloo ? L’étau se desserre à certains égards, certes, mais l’Etat conserve, voire accroît, son emprise à travers les régimes qui se succèdent, en France comme partout où son influence a été déterminante.

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