Etre sucrier au temps du « Brexit » napoléonien: une gageure ?

La betterave sucrière n’est pas devenue le substitut de la canne à sucre par le seul fait du blocus continental rompant les relations économiques avec la Grande-Bretagne. Les produits coloniaux ont continué d’arriver et les sucriers d’Anvers comme de Rotterdam ont su trouver les parades, notamment par la diversification de leurs activités (1795-1815)

L’historiographie la plus classique nous l’assure: la betterave sucrière et la chicorée sont, dans notre pays, filles du blocus continental, cet ensemble de mesures par lesquelles l’Empire napoléonien, où nous étions absorbés, s’efforça à partir de 1806 de mettre fin aux relations commerciales avec la Grande-Bretagne. « Pour remplacer le sucre de canne importé des colonies anglaises, les Belges se mettent à cultiver la betterave sucrière et créent des raffineries » , écrit par exemple Marie-Thérèse Bitsch [1]. Sans être à remiser totalement aux oubliettes, ce lien de cause à effet appelle cependant bien des nuances. D’une récente étude approfondie du secteur sucrier à Anvers et à Rotterdam, il ressort notamment que le recours à la betterave est resté très marginal – « en enfance jusqu’aux années 1840 » – , que des produits coloniaux ont continué de parvenir dans les villes portuaires et que les acteurs économiques, d’une manière générale, ont su s’y entendre pour relever les défis imposés par les décisions de Paris et la récurrence des guerres [2].

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