« Rien de plus singulier, de plus louable, que la fortune de M. Pierre Rousseau, de Toulouse, qui, d’auteur médiocre et méprisé à Paris, est devenu un manufacturier littéraire très-estimé et très-riche » . Tel est le point de vue rapporté par Louis Petit de Bachaumont en 1769 dans ses Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France [1]. Il faut y ajouter que la success-story ici évoquée s’est jouée pour l’essentiel à Liège et à Bouillon: un itinéraire à l’inverse, donc, de celui des artistes et écrivains qui allaient quérir gloire et gain dans la capitale française.
C’est en Cité ardente que Pierre Rousseau (1716-1785) a lancé, en 1756, son Journal encyclopédique, organe de propagande pour les Lumières, promis à une large diffusion européenne. C’est en bord de Semois qu’il a créé, en 1768, la Société typographique de Bouillon. L’entreprise sera durable. Transmise à la belle-famille du fondateur après la mort de celui-ci, elle deviendra la Société d’édition et d’imprimerie Weissenbruch, établie à Bruxelles et active jusqu’à l’aube du XXIè siècle. De cette longue histoire témoigne aujourd’hui un important fonds d’archives, qui a fait l’objet en 2016 d’une donation à l’Université de Liège où sa numérisation a été mise en œuvre [2].
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