
« Découverte surprenante. Ossements dans faille charbonnage Bernissart » . Ainsi commençait le télégramme adressé le 12 avril 1878 par l’ingénieur en chef des Mines de la province de Hainaut Gustave Arnould au directeur du musée royal d’Histoire naturelle à Bruxelles Edouard Dupont. Presque 140 ans plus tard, exposés dans une cage vitrée de 300 m² construite sur trois niveaux, les iguanodons sont toujours les vedettes de ce qui est devenu le muséum de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB).
Comme beaucoup, Sandra Cordier n’a pas oublié son émotion d’enfant quand, en visite scolaire, elle s’est trouvée en présence de ces immenses squelettes. Graphiste et paléontologue amateur, elle vient de publier le fruit de sept années de recherches consacrées à ce que les scientifiques ne traitent guère: l’histoire de la découverte mais aussi de ses fortunes et infortunes ultérieures, des doutes et des débats parfois virulents qu’elle suscita [1]. Le travail se fonde sur les archives, les publications originales, les rencontres avec des descendants des acteurs de l’époque… On y apprend que les documents relatifs aux dinosaures de Bernissart n’ont jamais été classés ni inventoriés à l’IRSNB, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour une institution scientifique.