La construction à l’ère du management

Entre architectes, ingénieurs et entrepreneurs généraux, les relations n’ont pas toujours été au beau fixe avant que de nouvelles professions viennent bousculer l’organisation de la trinité initiale. Les pratiques anciennes et nouvelles ont coexisté au risque de s’affronter (1874-1964)

   En décembre 1931, un groupe de 250 entrepreneurs généraux visite le chantier du premier tunnel sous l’Escaut à Anvers, guidé par des collègues mais aussi des ingénieurs représentant des entreprises telles que les Pieux Franki, De Wandre, Melard, Van Hauwaert, Maistriau, Van Overloop… L’initiative, due à l’associatif professionnel et visant à favoriser le transfert des savoirs, est réitérée en 1935, cette fois à Bruxelles, sur le plateau du Heysel où on bâtit le palais des Expositions. Mais les relations entre les métiers de la construction sont loin d’avoir été toujours à aussi beau fixe…

   Le secteur a connu une croissance impressionnante. De 21.000 en 1846, le nombre de personnes qui y sont employées est passé à plus de 150.000 en 1937 (de 1,5 à 4,6 % de l’emploi global) et il se sera encore accru de plus de 100.000 unités en 1961. Cette évolution est allée de pair avec l’émergence de la fonction de l’entrepreneur général en tant que gestionnaire de l’organisation et de l’exécution des projets. Une redéfinition et une redistribution des responsabilités entre les différentes compétences concernées en ont résulté. Les architectes ont ainsi cessé d’être impliqués dans tout le processus de la construction, comme c’était encore le cas au début du XIXè siècle, en vertu d’usages séculaires confirmés par le Code civil de 1804. Les tensions liées à ces changements, entre acteurs ainsi qu’entre nouvelles pratiques et cadre légal, constituent un des thèmes les plus récurrents relevés par Jelena Dobbels et Inge Bertels dans leur étude de contenu de la presse spécialisée et des organisations des entrepreneurs [1].

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