Le culte d’un saint laïque: Francisco Ferrer

Diligenté largement par la franc-maçonnerie, le monument bruxellois de l’anarchiste, pédagogue et libre-penseur espagnol fusillé en 1909 a manifesté dans l’espace public la ferveur d’une partie de la laïcité et de la gauche. Mais d’une partie seulement… (1909-1984)

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Avant de se trouver « chez les siens » , face à l’Université libre de Bruxelles, la statue de Francisco Ferrer a connu quelques pérégrinations. (Source: © SPRB-DMS, Région de Bruxelles-Capitale, 2006, http://www.irismonument.be/fr.Bruxelles_Extension_Sud.Avenue_Franklin_Roosevelt.A004.html)

Pour la plupart de nos compatriotes – et même dans son pays natal –, Francisco Ferrer Guardia est aujourd’hui un illustre inconnu. Grande pourtant est sa présence dans l’odonymie des localités à forte dominante libérale ou socialiste. Pour s’en tenir à une seule région urbaine, nous avons relevé une rue, une avenue ou une place Ferrer dans la moitié des communes de l’arrondissement de Liège (12 sur 24). Et le nombre était bien plus élevé encore avant les fusions de 1977.

A Bruxelles, c’est par un monument fameux qu’est célébrée la mémoire de l’anarchiste, franc-maçon et pédagogue espagnol (1859-1909), fondateur à Barcelone de l’Ecole moderne, « rationnelle et scientifique » , et promoteur d’une « éducation nouvelle » , conformée aux idéaux des socialistes libertaires. L’histoire de cette statue, dressée aujourd’hui face au rectorat de l’Université libre (ULB), a été marquée par bien des aléas. Ils sont retracés dans une étude très détaillée, due à Pol Defosse, professeur honoraire de la même université. La Société royale d’archéologie de la capitale en a assuré la publication [1]. Continuer à lire … « Le culte d’un saint laïque: Francisco Ferrer »

Comment nos ancêtres baptisèrent les eaux

La Meuse génératrice de marais et d’humidité, l’Escaut cahoteux et soumis aux marées, la Dendre… tendre, le canal Isabelle né de la guerre de Quatre-Vingts Ans, le Rekebeek d’une auberge, les Tafelzouwen de la Table des pauvres, le Splenterbeek d’un sobriquet professionnel… Il y a tant et plus à apprendre des noms donnés aux cours d’eau

En 2014, Jean Loicq, professeur émérite de l’Université de Liège et membre de la section wallonne de la Commission royale de toponymie et dialectologie, publiait une étude détaillée des noms de rivières du Sud du pays [1]. La section flamande s’est inscrite dans la même démarche, concrétisée par deux volumes dont le second est paru tout récemment [2]. Les chercheurs, ici au nombre de cinq, ont élargi le cadre en traitant non seulement des eaux courantes, mais aussi des stables (étangs, mares…). La fédéralisation de la Belgique permet donc – quand même – que des travaux soient menés complémentairement, à défaut de l’être en collaboration. Une seule somme (dans les deux langues) aurait certes été la solution du bon sens, permettant d’éviter les redites. On sait assez que nos grands fleuves (Escaut, Meuse), maintes de nos rivières (Dendre, Senne…) et aussi de nos voies navigables d’origine humaine (canal Albert, canal de l’Espierres…) coulent du sud au nord en coupant impunément la frontière linguistique étendue d’est en ouest. C’est même une des composantes du lien belge, non la seule, mais non la moindre.

Le dictionnaire de près de mille pages de l’équipe néerlandophone, à présent abouti et qui retient ici notre attention, n’usurpera certes pas sa place dans l’atelier de l’historien comme dans la bibliothèque de l’honnête homme. Aussi fidèlement que possible et sources à l’appui, l’évolution des hydronymes y est retracée à partir d’une longueur d’au moins un kilomètre (sauf exceptions). Les éventuels changements d’appellation selon les lieux sont également pris en compte. L’intérêt de l’ensemble s’accroît encore si on considère la quantité de rivières et de ruisseaux qui ont donné leur nom à des implantations ou à des lieux situés sur leurs berges.

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