
Prenons du recul et de la hauteur: c’est à quoi nous convie l’histoire de Belgique remise sur le métier, pour la cinquième fois, par trois historiens de l’Université de Gand (UGent), avec la collaboration d’un quatrième de l’Université flamande de Bruxelles (VUB) [1]. Adaptation pour le grand public de l’enseignement donné aux étudiants, l’ouvrage apporte un témoignage de plus de l’intérêt suscité par un sujet nullement soluble dans notre devenir institutionnel. Citons seulement, dans la langue de Gezelle, les livres publiés ces dernières années, exactement sous le même titre, par Marc Reynebeau [2] et Benno Barnard et Geert van Istendael [3].
Richement illustrée, avec un recours (sur)abondant aux caricatures, la synthèse ici examinée se cantonne au passé socio-économique et politique, laissant de côté les domaines proprement culturel, artistique ou scientifique. En volume rédactionnel, l’après-1830 se taille la part du lion, sans pour autant que la Belgique « avant la lettre » (en français dans le texte) soit négligée (deux chapitres sur onze, plus deux chapitres à cheval sur les périodes qui ont précédé et suivi l’indépendance). On nous permettra, au passage, d’épingler ce très… belge excès d’humilité qui fait parler de « dit kleine land » (pp. 11, 25) et même « dit kleine landje » (p. 14) ou encore d’un « lilliputterland » (pp. 224, 228), contre toute évidence. La Belgique n’est pas « ce petit pays » mais bien un pays moyen, plus peuplé que la Suède (11,2 contre 9,7 millions d’habitants) et d’une superficie dépassant largement celle d’Israël (32.545 contre 21.000 km²). Continuer à lire … « Une étrangeté, le « labyrinthe belge » ? »