Le Limbourg avait (trop) bonnes mines

Peu de régions ont connu une mutation aussi accélérée que la Haute Campine après la découverte de ses richesses en charbon. Le paysage porte encore les traces de cette transition du monde rural au monde industriel. Depuis que les puits sont fermés, il faut concilier préservation du patrimoine et redéploiement économique (1901-1992)

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A Winterslag (Genk), le contraste entre l’industrie et le paysage campagnard. (Source: Koen De Langhe, http://www.fotogeniekbelgie.be/beeldbank/landschappen/mijnstreek-winterslag.html)

La Belgique a retiré en juin 2019 la candidature de la Haute Campine au patrimoine mondial de l’Unesco. La décision faisait suite à un avis très critique rendu par le Conseil international des monuments et sites (Icomos), l’organe qui conseille l’institution onusienne. « Le retrait laisse ouverte la possibilité de déposer plus tard une candidature modifiée » , se console Piet Geleyns, acteur de la cause dans le cadre de l’Agentschap Onroerend Erfgoed (Agence du patrimoine immobilier) [1]. Pour le maintien de cette ambition, il y a des atouts, certes, mais aussi bien des handicaps.

Exceptionnelle, de fait, est la transition éclair que connut cette région dès le jour où une prospection, menée par le géologue liégeois André Dumont, professeur à l’Université catholique de Louvain, aboutit à la découverte des premières veines de charbon limbourgeois. C’était en août 1901 à As, à 541 mètres de profondeur. Et sur cette terre austère, peu rentable, de tourbe, de sable et de cailloux, appréciée des peintres paysagistes (l’école de Genk) mais ne pouvant avoir d’agriculture qu’extensive et moutonnière, se mirent à pousser par-dessus les puits les « belles fleurs » à molette répandant leurs odeurs et leurs bruits sous les nuages d’encre. Ce n’est pas un hasard si le botaniste Jean Massart publia à cette époque son ouvrage fondateur Pour la protection de la nature en Belgique. Mais les fermes traditionnelles, les moulins à eau et les villages bucoliques n’avaient pas disparu, créant par endroits des anachronismes saisissants.

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Sainte Begge n’était pas béguine

Veuve, ayant décidé de se consacrer à Dieu, la fondatrice de l’abbaye d’Andenne, qui fut aussi la grand-mère de Charles Martel, a bénéficié d’un regain de popularité au XVè siècle, quand son nom la fit associer erronément au mouvement des béguinages (VIIè siècle)

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Buste reliquaire de sainte Begge en l’église de Chèvremont. (Source: Yves Sorée, https://www.bibliotheca-andana.be/?page_id=153704)

« Une sainte noble au destin tourmenté et à la descendance royale » : telle fut Begge d’Andenne selon les termes de Sophie Leclère (Université Saint-Louis-Bruxelles) [1]. Et cependant, les médiévistes ne se sont pas bousculés au portillon pour mettre en lumière la fondatrice de l’abbaye de la ville mosane, morte sans doute vers 693. Sa renommée, en fait, n’a guère débordé le cadre local et son dossier hagiographique ne pèse pas bien lourd: un texte, quatre copies, trois miracles. L’historienne a entrepris d’établir une généalogie des sources (stemma codicum) relatives à cette figure inscrite dans un lignage des plus prestigieux: fille du maire du palais d’Austrasie saint Pépin de Landen et mère de son successeur (non immédiat) Pépin le Jeune, dit de Herstal, lui-même père de Charles Martel, futur vainqueur des musulmans dans les environs de Poitiers, et grand-père de Charlemagne. Le royaume mérovingien d’Austrasie s’étend alors sur le nord-est de la Gaule, en ce compris la Belgique contemporaine, avec Metz pour capitale.

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Les infortunés de l’emploi hier, aujourd’hui, demain

La présence étrangère sur le marché du travail a toujours été prisée par les employeurs quand elle contribuait à la bonne marche de l’économie. Depuis les années ’70, ils ont été rejoints par les tenants de la promotion de toutes les diversités culturelles et de la (sur)protection de toutes les minorités (XIXè-XXIè siècles)

Dans les années 1933-1934, le gouvernement belge s’est efforcé de combattre le chômage, alors en pleine croissance, par la limitation du nombre de travailleurs étrangers. Cette politique ne différait guère de celle menée en France, y compris par le Front populaire, au nom de « la protection de la main-d’œuvre nationale » . Bien de l’eau a coulé depuis sous les ponts, c’est le moins qu’on puisse dire. De nos jours, pareilles mesures seraient dénoncées dans les médias mainstream comme « populistes » ou « rappelant les heures sombres de notre histoire » ! Les Etats s’accordaient hier le droit de fixer la proportion maximale de migrants pouvant être employés dans les entreprises. Aujourd’hui, c’est de chiffres minimums ou de quotas à atteindre qu’il est question.

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