Comme un étranger dans la ville d’Anvers

Jusqu’à la fin du XIXè siècle, de par sa vocation internationale liée à l’activité portuaire, la Métropole est accueillante aux non-Belges et peu encline à mettre en œuvre la politique plus restrictive voulue par le gouvernement. Mais la plupart des arrivants proviennent des pays limitrophes (1830-1880)

Une idée largement partagée veut que l’intégration des migrants ait toujours été problématique, même quand ceux-ci provenaient d’autres pays européens et ne creusaient donc pas un fossé culturel dans leur terre d’élection. Mais les sciences historiques sont le plus souvent rétives aux généralisations. Ainsi ressort-il de la thèse de doctorat d’Ellen Debackere, portant sur la ville d’Anvers au cœur du XIXè siècle, que celle-ci fut alors des plus accueillantes à l’étranger, davantage même que ne le souhaitaient les autorités nationales [1].

Notre très ancienne tradition d’autonomie communale, jointe aux incohérences nombreuses dans les lois, décrets, arrêtés et instructions qui régissaient cette matière, ont favorisé le développement de spécificités locales. Ce fut plus vrai encore dans la cité portuaire, où les relations avec la capitale sont fréquemment à couteaux tirés. « La Ville, souligne la chercheuse, restait le principal acteur avec lequel les étrangers entraient en contact. A partir de cette position privilégiée, elle pouvait ou non être attentive aux directives d’en haut » (p. 24). 156.171 dossiers individuels sont conservés au Stadsarchief pour la période 1840-1914. Ils témoignent en grand nombre d’une latitude certaine et de l’usage qui en a été fait.

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Il y a cent ans, ma tante institutrice

Les arts ménagers, l’hygiène, l’épargne, les travaux agricoles… sont omniprésents dans les leçons d’écolière de Berthe Vaute-Tromont ainsi que dans les cours préparatoires à son futur métier d’enseignante. On y rencontre aussi le traumatisme de la Grande Guerre et un nouveau danger: la grippe (1918-1924)

Ce n’est pas un effet du confinement, mais une heureuse redécouverte s’est imposée à moi en triant et classant mes vieux papiers. Ceux qu’on accumule, dans nos caves ou nos greniers, en croyant – le plus souvent à tort – qu’ils pourraient s’avérer utiles un jour. Il s’agit des écrits d’élève et d’étudiante d’une tante qui fut institutrice à partir des années ’20 du siècle dernier. L’intérêt plus que familial de cette source m’a paru mériter d’y faire ici écho, en dérogeant à la norme qui veut que le présent blog rende compte de travaux aboutis.

Le fonds comprend un « cahier journal » de l’année scolaire 1918-1919, quand la future maîtresse était toujours sur les bancs de l’école, en sixième primaire. S’y ajoutent principalement des dizaines de fiches cartonnées, non lignées et non quadrillées, issues de ses années de formation au métier. On reste admiratif, sachant que tout a été fait à la plume trempée dans l’encre rouge ou noire, par la finesse de l’écriture, qui sait cependant s’épaissir pour les titres, et la qualité des nombreux dessins dont certains, sans doute, devaient être reproduits au tableau. Continuer à lire … « Il y a cent ans, ma tante institutrice »

De la dame de Paddeschoot à l’écuyer d’industrie

Comment la révolte gantoise de 1379 contre Louis de Mâle, le soulèvement antiespagnol du XVIè siècle ou encore la révolution industrielle dès le XVIIIè ont pesé sur les destinées d’un ancien domaine seigneurial du pays de Waes (XIVè – XXIè siècles)

En 1217, un hameau se sépare de la commune de Waasmunster et reçoit le nom de Saint-Nicolas (Sint-Niklaas), patron des commerçants notamment. La localité gagne en importance quand y est établi le siège politique et judiciaire (hoofdcollege) du pays de Waes, auquel la comtesse de Flandre Jeanne de Constantinople a accordé une charte en 1241. C’est dans cette contrée que se dessine la seigneurie de Paddeschoot dont une « ferme noble » , avec ses douves et ses remparts, demeure aujourd’hui le témoin. Témoin d’un passé aux multiples rebondissements, récemment retracés [1].

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Ce qui demeure du château de Paddeschoot. (Source: photo de 1978, agentschap Onroerend Erfgoed, https://beeldbank.onroerenderfgoed.be/images/388561)

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