Roger Nols, d’une passion identitaire à l’autre

Ceux qui voient en lui un « raciste patenté » contestent la présence de son buste à l’hôtel communal de Schaerbeek. Celui qui en fut le bourgmestre pendant deux décennies n’en collectionna pas moins les succès électoraux. Et fut à peine plus provocateur que bien d’autres à l’époque (1964-2004)

   Il est question à Schaerbeek de retirer ou, au minimum, de « contextualiser » le buste de Roger Nols installé, avec ceux d’autres célébrités politiques locales, dans la galerie qui précède la salle des mariages de la maison communale. Faisant suite à une demande introduite en 2017 par le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (Mrax), pour qui l’ancien bourgmestre ne fut rien moins qu’un « raciste patenté » , l’actuelle majorité (Défi-Ecolo/Groen-MR-CDH) a constitué un groupe de travail qui doit rendre ses conclusions en décembre prochain.

   Pour servir de base à leur réflexion, les élus et citoyens dudit groupe disposent d’une étude, rendue publique, où Serge Jaumain (Université libre de Bruxelles) et Joost Vaesen (Vrije Universiteit Brussel) portent sur la période nolsiste leurs regards d’historiens [1]. Disons d’entrée de jeu qu’ils sont tout sauf laudatifs. Mais ils entendent aussi « discuter des risques du « présentisme » , c’est-à-dire l’utilisation du passé en fonction d’objectifs politiques actuels sans tenir compte de la réalité historique » . Risques bien… présents aussi, ajouterai-je, quand sont mis en cause des monuments ou des noms de rues liés au passé colonial.

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Comment vivre en France sans perdre son âme

Tel fut le défi posé par l’ampleur de l’immigration belge, flamande surtout, vers le très laïque Hexagone. Les œuvres d’encadrement religieux et social ont fait florès en milieu rural, mais moins à Paris ou dans le Lillois. Et sans pouvoir empêcher la dilution de la deuxième génération dans le creuset français… (XIXè-XXè siècles)

   En 1886, dans le département français du Nord, près d’un habitant sur cinq était de nationalité belge. A Roubaix, la proportion atteignit même le pic d’un sur deux. A Paris, à la même époque, nos compatriotes étaient plus de 45.000 et constituaient le groupe étranger le plus nombreux, avant d’être dépassés par les Italiens. Aux établissements définitifs s’ajoutaient l’émigration temporaire et le travail frontalier. Les arrivants venaient en grande majorité de la partie flamande de la Belgique, par un flux qui trouvait également à déboucher dans les bassins industriels wallons.

   L’importance de ces courants migratoires, entre le milieu du XIXè siècle et le milieu du XXè, rendit nécessaire un accompagnement religieux et aussi social. Ses formes, son importance, ses réussites et ses échecs ont fait l’objet d’une thèse de doctorat défendue à la Katholieke Universiteit Leuven [1]. Trois espaces particulièrement attractifs y sont envisagés: la région de Lille, en raison de sa proximité et du développement de l’industrie textile, la ville de Paris en plein essor multisectoriel et, surtout après la Première Guerre mondiale, les régions agricoles au nord de la Loire dans le contexte de l’appel d’air créé par la dénatalité.

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Des siècles de vie avec les loups

Leur retour dans nos régions a stimulé la recherche historique les concernant. Parmi les questions posées, celle de savoir si les guerres les ont attirés et les ont rendus plus dangereux pour les humains. Les déclins démographiques ont créé des espaces qu’ils ne tardaient pas à occuper (1000-1900)

   Le 10 août dernier, le réseau du service public de Wallonie compétent en la matière confirmait la naissance de cinq nouveaux louveteaux dans les Hautes Fagnes. Leur père avait été repéré pour la première fois en 2018, l’année qui vit les biologistes et environnementalistes de Belgique et des Pays-Bas faire état de la présence des premières meutes dans les deux pays, après une absence de plus d’un siècle. Ce retour, les questions qu’il soulève et les avis en tous sens qu’il suscite n’ont pas manqué de booster la recherche historique sur le sujet. Comment, des siècles durant, avons-nous coexisté avec les loups ?

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