Quand le régime français recyclait les ci-devant processions et géants

Ils avaient disparu du paysage à Anvers quand l’administration les réveilla pour les mettre au service des fêtes républicaines. Tout ce qui pouvait évoquer l’Ancien Régime en fut effacé. Druon Antigone dut arborer les couleurs tricolores, puis célébrer les victoires de Bonaparte. La tradition a ainsi survécu, mais pas son esprit (1795-1815)

   « Du passé faisons table rase » : si on ne chantait pas encore ces paroles fameuses d’Eugène Pottier, elles n’en définissent pas moins ce que fut, à bien des égards, la politique du régime révolutionnaire, sous nos cieux comme ailleurs, après l’annexion à la France (1795). Métiers, confréries, jours fériés, carnavals, calendrier grégorien… devaient passer à la trappe en même temps que les fiefs, les gouverneurs des Habsbourg ou les princes-évêques.

   Les processions et leurs géants, en raison de leurs liens avec la religion et les pouvoirs d’antan, firent aussi les frais de la chasse aux traditions. Et pourtant, la table ne fut pas totalement rase… Ainsi à Anvers, ces usages festifs ont-ils traversé la période d’une manière inattendue, que vient éclairer un article de Brecht Deseure, chercheur attaché à la Bibliothèque royale de Belgique et à l’Université libre de Bruxelles [1].

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Enquête sur le tombeau d’une comtesse de Luxembourg

Des fouilles menées à Valenciennes en 1973, complétées par une tête de statue en 2014 et d’autres pièces au puzzle ont conduit à identifier la probable dernière demeure de Béatrice d’Avesnes, mère de l’empereur du Saint-Empire Henri VII de Luxembourg, établie dans l’ancien couvent des dominicaines qu’elle avait fondé (XIVe siècle)

   Deux caveaux peints, deux gisants fragmentaires de pierre blanche et les éléments d’un soubassement comportant des personnages sous arcatures: tels furent les fruits des fouilles de sauvetage menées à Valenciennes en 1973, à l’occasion de travaux entrepris sur le site de l’ancien couvent des dominicaines dites « de Beaumont » . Mais qui donc avait reposé dans ces tombeaux ? Une enquête récente menée par Ludovic Nys, professeur d’histoire de l’art à l’Université polytechnique Hauts-de-France, aboutit à des conclusions bien différentes de celles qui s’étaient imposées initialement [1].

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Voyage au bout de la nuit polaire

Une étude américaine vient nous rappeler qu’avec l’expédition antarctique de la Belgica, sous le commandement d’Adrien de Gerlache de Gomery, fut réalisé un des « plus grandioses combats de l’homme contre la nature » . Les conditions furent cauchemardesques, l’apport scientifique considérable (1897-1899)

   Le 16 août 1897 au port d’Anvers, plus de 20.000 personnes, massées sur les berges de l’Escaut, assistent au départ de la Belgica. Commandée par un capitaine de 31 ans, Adrien de Gerlache de Gomery, elle reviendra triomphalement le 5 novembre 1899 après avoir réalisé, dans des conditions extrêmes, le premier hivernage humain au cœur d’un Antarctique encore largement terra incognita. Julian Sancton, journaliste new-yorkais, a mobilisé toutes les ressources disponibles sur cette aventure qui « pouvait rivaliser avec les plus grandioses combats de l’homme contre la nature relatés dans l’histoire et dans la littérature » (Note de l’auteur) [1].

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