Quand le régime français recyclait les ci-devant processions et géants

Ils avaient disparu du paysage à Anvers quand l’administration les réveilla pour les mettre au service des fêtes républicaines. Tout ce qui pouvait évoquer l’Ancien Régime en fut effacé. Druon Antigone dut arborer les couleurs tricolores, puis célébrer les victoires de Bonaparte. La tradition a ainsi survécu, mais pas son esprit (1795-1815)

   « Du passé faisons table rase » : si on ne chantait pas encore ces paroles fameuses d’Eugène Pottier, elles n’en définissent pas moins ce que fut, à bien des égards, la politique du régime révolutionnaire, sous nos cieux comme ailleurs, après l’annexion à la France (1795). Métiers, confréries, jours fériés, carnavals, calendrier grégorien… devaient passer à la trappe en même temps que les fiefs, les gouverneurs des Habsbourg ou les princes-évêques.

   Les processions et leurs géants, en raison de leurs liens avec la religion et les pouvoirs d’antan, firent aussi les frais de la chasse aux traditions. Et pourtant, la table ne fut pas totalement rase… Ainsi à Anvers, ces usages festifs ont-ils traversé la période d’une manière inattendue, que vient éclairer un article de Brecht Deseure, chercheur attaché à la Bibliothèque royale de Belgique et à l’Université libre de Bruxelles [1].

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