Les journalistes au temps des derniers combats

Ce fut sans doute l’âge d’or de la presse écrite. Le sentiment d’accomplir une haute mission allait de pair avec un engagement politique et philosophique assumé, largement dissipé depuis. Mais déjà, les critiques fusaient de l’extérieur sur les hommes du métier soupçonnés d’être des touche-à-tout incompétents, voire stipendiés (1950-1965)

   Les historiens contemporains inscrivent volontiers le travail des journalistes parmi leurs sources. Il est plus rare qu’ils fassent de ces derniers le sujet de leur recherche. Il vaut dès lors la peine, même s’il ne date pas d’hier, de s’arrêter à l’article, issu d’une thèse, que Nele Beyens a consacré à l’identité d’un métier « pas comme les autres » , tel qu’il se définissait dans les années ’50 et au début des années ’60 du siècle dernier [1].

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Le siècle des localités

L’histoire locale a connu à l’époque contemporaine un essor qui ne s’est jamais démenti. Il tient en grande partie à l’attachement des Belges à leur ville ou leur village. Ces dernières décennies, les œuvres de notables, avec leurs limites, ont été rejointes par des travaux plus solides, où le monde universitaire s’est investi (XIXe-XXIe siècles)

   Si, dans l’Ancien Régime, les villes trouvaient aisément leurs historiens, il n’en alla pas de même pour les villages. Le manque d’archives explique sans doute en bonne partie cette carence. D’aucuns y ont ajouté l’absence de privilèges (ou franchises) dans le monde rural. A tort: il en a été relevé un bon nombre dans nos campagnes. Les seigneurs avaient besoin d’habitants pour faire fructifier leurs terres et on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Mais prégnante a été et demeure l’idée selon laquelle le milieu urbain aurait été le vecteur par excellence du « progrès » .

   Tout autre est l’étendue de l’intérêt porté sur le passé à partir du XIXe siècle. L’histoire locale connaît alors un essor dont profitent les communes même les plus modestes. Cette vogue, ses caractéristiques et ses causes ont fait l’objet des contributions de Jean-Marie Cauchies (Université Saint-Louis Bruxelles et Académie royale de Belgique) et Philippe Desmette (Université Saint-Louis Bruxelles) à un colloque consacré à l’historiographie du Hainaut, du comté à la province [1].

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Une histoire qui naît des cendres

Mode funéraire le plus répandu aux âges des métaux et à l’époque romaine, l’incinération a laissé des traces longtemps inexploitées mais dont on parvient aujourd’hui à tirer des enseignements. Ceux-ci confirment notamment l’existence de deux aires culturelles distinctes autour de la Meuse et de l’Escaut (v. 6500 avant J-C – 800 après JC)

   Dans les sites archéologiques belges de plus d’un millénaire, les sépultures contenant des restes humains incinérés sont monnaie courante. Pour les âges des métaux et l’époque romaine, elles sont même majoritaires. Longtemps, ces restes ont été considérés comme inexploitables pour la recherche. Ce n’est toutefois plus le cas, ces dernières décennies ayant vu se multiplier les travaux qui tirent parti des cendres de nos ancêtres.

   Le projet Crumbel (acronyme de CRemation, Urns and Mobility – Population dynamics in BELgium) s’est inscrit dans ce courant avec pour ambition d’appliquer les techniques de pointe aux fruits de fouilles parfois très anciennes, couvrant la longue durée qui va du néolithique au haut Moyen Age. Un article à trente mains, coordonné par Christophe Snoeck (Vrije Universiteit Brussel), a récemment fait le point sur ces avancées [1].

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