
Dans le monde des nombres et des figures, le cas est unique, paraît-il, d’une découverte désignée d’après son origine nationale. Les apports d’Adolphe Quételet (ou Quetelet) et de Germinal Dandelin à l’étude des coniques, publiés entre 1820 et 1822, reçurent et portent toujours aujourd’hui le nom de « théorèmes belges » . Laissant de côté cette ligne de crête, le professeur Jean Paul Van Bendegem (Vrije Universiteit Brussel, VUB) illustre par d’autres exemples, non moins éloquents, l’importance de la production mathématique dans notre pays entre la mi-XVIIIè et la mi-XIXè siècle [1]. Une période pourtant riche aussi en tourments et en revers…
S’imposent notamment à l’inventaire les travaux de Charles-François Le Prud’homme d’Hailly, vicomte de Nieuport (1746-1827), pour leur contribution au développement du calcul infinitésimal longtemps négligé sous nos cieux. Ce qui fonde celui-ci, selon la vision bien datée qu’en nourrit cet ancien officier du génie, directeur de l’Académie royale des sciences et belles-lettres de 1816 jusqu’à sa mort, est exposé notamment dans son Mémoire contenant quelques réflexions sur des notions fondamentales en géométrie (1820). Il ne s’éloigne pas de ces préoccupations, bien au contraire, quand il y va d’essais sur la stabilité ou la mécanique des voûtes, dans lesquels les infinitésimaux sont aussi centraux. En lui s’opère la synthèse du mathématicien et de l’ingénieur. Continuer à lire … « Le royaume avait besoin de savants »