Pour commencer « La Genèse » en beauté

Le soin mis à illustrer sa première lettre « I » ou ses deux premières « IN » en terres mosanes a suscité les plus anciens exemples d’une tradition qui s’est étendue à l’Europe occidentale. De manière parfois atypique, l’iconographie se rapporte aux récits de la Création ou offre une méditation embrassant la Bible entière (XIè-XIIè siècles)

   Dès l’époque carolingienne, le plus grand soin était apporté à la copie, la mise en page et la décoration des Ecritures saintes. L’époque romane fut à l’unisson et vit s’épanouir l’art de la (des) première(s) lettre(s) illustrée(s) ou historiée(s). Et comment, dans cette perspective, ne pas mobiliser tous ses talents quand il s’agit de mettre plus particulièrement en valeur l’incipit du premier des livres, La Genèse: « In principio… » ( « Au commencement » ) ? Le Nord de l’Europe s’est ici trouvé à l’avant-garde. Les productions issues du pays mosan – au sens large – à la fin du XIè siècle, surtout, s’inscrivent dans la naissance d’une tradition dont on trouve des traces de l’Angleterre à l’Italie jusqu’à l’aube du XIIIè siècle.

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Aimer l’hébreu au temps de la Contre-Réforme

Le Collège des trois langues, fondé à Louvain, en a développé l’enseignement afin de revenir aux sources de l’Ancien Testament. A partir de 1754, le cours est devenu obligatoire pour les doctorants en théologie. Nombre de ses élèves, parfois célèbres, ont aussi découvert les richesses de la culture juive post-biblique (1517-1797)

Quand le concile de Vienne, réuni en 1311-1312, décida de donner un solide coup de pouce à l’enseignement de l’hébreu – ainsi que de l’arabe et du syriaque –, l’intention était d’ordre exclusivement missionnaire. Il s’agissait de connaître les langues « pour répandre la foi rédemptrice aux païens » . Sans renoncer à cette ambition, c’est avec une visée supplémentaire que le courant humaniste, à la suite de Johannes Reuchlin (1455-1522), s’est attaché à promouvoir les études hébraïques dans la chrétienté. Selon les termes d’Erasme, il fallait revenir aux « sources limpides » que sont les écrits bibliques et antiques dans leur forme originelle.

C’est sous l’inspiration de l’érudit rotterdamois, alors au sommet de sa gloire, que fut conçu en 1517, au sein de la corporation universitaire de Louvain, le Collège des trois langues, celles-ci étant le latin, le grec et l’hébreu. Le cinquième centenaire de cette fondation a donné lieu à une exposition suivie de la publication d’un ouvrage collectif. Le cas particulier du principal idiome vétérotestamentaire y est traité par le professeur Pierre Van Hecke, qui lui-même l’enseigne à la Katholieke Universiteit te Leuven [1]. Continuer à lire … « Aimer l’hébreu au temps de la Contre-Réforme »