Après l’armistice de 1918, les Alliés victorieux réclamèrent l’extradition de quelque 3000 Allemands accusés de crimes de guerre. Parmi eux, pas moins de 1058 avaient à répondre de faits commis en Belgique. Mais les résultats, au bout de sept années de démarches et de procédures, tinrent du déni de justice: des arrestations en territoires allemands occupés, un très petit nombre de procès devant la Cour suprême de Leipzig et surtout des procès par contumace en France et en Belgique. Chez nous, ces derniers s’élevèrent à 153, mais aucun criminel ne fut effectivement puni. Le prétendu « diktat de Versailles » , objet de tant de ressentiments outre-Rhin, doit être sérieusement relativisé sur ce plan…
Dans notre pays qui avait eu à subir le plus grand nombre d’atrocités et de destructions, commises en outre après la violation de son statut de neutralité, ce piètre bilan n’a pas manqué de choquer. Eduard Clappaert et Martin Kohlrausch (Katholieke Universiteit te Leuven) ont entrepris d’expliquer, en suivant pas à pas l’action menée par la diplomatie belge, comment la montagne accoucha d’une souris [1]. Leur étude, reposant principalement sur la thèse défendue par le premier nommé, démontre, si besoin en était, que les exigences de l’équité pèsent souvent bien peu face aux impératifs de la politique. Continuer à lire … « Pas de Nuremberg pour les crimes de la Grande Guerre »