S’arrêter à Outrelouxhe, sous la protection du dieu Mercure

Le relais routier romain d’Elmer à Outrelouxhe (Modave) procurait aux voyageurs et commerçants le repos, le ravitaillement et le changement d’équipage. Ils y trouvaient aussi la statue de leur divinité. La cave fut dotée d’un système de drainage des eaux dont on connaît peu d’équivalents (Ier siècle avant J-C – IIIè siècle après J-C)

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Le relais routier d’Outrelouxhe tel qu’on peut se le représenter dans la dernière phase de ses aménagements. (Source: Jacques Witvrouw, n. 1)

   Partie intégrante du réseau principal établi au Ier siècle avant J-C sous l’impulsion d’Agrippa, la grande voie romaine qui reliait Metz à Tongres en passant par Arlon a laissé un héritage à Outrelouxhe, village de la commune de Modave, aux confins du Condroz central et de l’Ardenne condruzienne. Les débris de matériaux de construction antiques, apparaissant lors des labours sur un terrain agricole, y ont en effet révélé la présence des rares vestiges d’un de ces petits relais routiers où les voyageurs, au début de notre ère, pouvaient trouver le repos, se ravitailler et changer d’équipage. Trois campagnes de fouilles de sauvetage (en raison d’un projet de lotissement) y ont été menées de 1996 à 1999 par le Cercle archéologique Hesbaye-Condroz, sous la direction de Daniel Witvrouw. Le rapport a été publié une quinzaine d’années plus tard [1].

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Où descend la haute société au XVIIIè siècle ?

Les quartiers articulés autour du Cantersteen sont au centre des loisirs des élites à Bruxelles à la fin du siècle des Lumières. Mais dans des parcs de la ville se pratique aussi la chasse, la marche à pied est une tendance émergente et les progrès accomplis en matière de pavage des routes incitent à se déplacer davantage « en province » (1760-1790)

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L’Allée verte, un haut lieu des promenades bruxelloises. D’après le dessinateur et peintre rotterdamois Dirk Langendijk, vers 1800. (Source: musée de la Ville de Bruxelles, https://www.coordinatiezenne.be/downloads/BXL_waterlopen-coursdeau/senne-bruxelles-ancien-parcours/fotolink2OK_historischefotos-kaarten-ill/viewer.swf)

   Où vit-on, que fait-on, comment se déplace-t-on, où se rend-on quand on appartient aux classes sociales les plus aisées dans la Bruxelles des dernières décennies du XVIIIè siècle ? Sans surprise – car est-ce tellement différent aujourd’hui ? –, les réponses à ces questions font rapidement ressortir une distribution de l’espace urbain entre ceux qui appartiennent à la haute société et les autres.

   Pour son mémoire de master en histoire présenté à l’ULB, Elodie Basso a quantifié et traité cartographiquement les données contenues dans les journaux personnels, les carnets, les mémoires ou la correspondance de six membres de l’élite ayant résidé dans la capitale économique, culturelle et politique des Pays-Bas autrichiens [1]. Résidant majoritairement à l’est de la Senne ou au sud-est de l’enceinte, les auteurs de ces ego-documents, quand ils se déplacent, se rendent pour l’essentiel dans les quartiers articulés autour du Cantersteen où la chercheuse voit le centre de « la probable carte mentale des élites » . C’est le lieu du luxueux hôtel d’Angleterre, des belles boutiques et des marchés, de la sociabilité et aussi de nombre d’activités professionnelles. Autour, dans un rayon d’environ 600 mètres, se trouvent la collégiale Sainte-Gudule, la Grand-Place et le palais du gouverneur général Charles de Lorraine. The places to be, dirait-on de nos jours… La palme revient sans doute au théâtre de la Monnaie, que fréquentent les auteurs des six sources analysées. « Son activité était si intense, rapporte Elodie Basso, qu’un règlement de circulation fut établi à ses alentours en raison du désordre provoqué par les carrosses des spectateurs » . Les pics de circulation se situent entre 9 et 10 heures du matin pour le travail, le culte, la promenade ou le shopping, entre 18 heures et 18 heures 30 sur les voies conduisant aux théâtres, aux salons ou aux dîners des nombreux notables qui tiennent table ouverte. Il fait calme entre 13-14 heures et 16 heures, temps du repas de midi volontiers prolongé. Après 18 heures, aucun déplacement pédestre de membres de la bonne société n’est recensé: la réputation d’insécurité des rues est bien établie.

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