Une symphonie d’arbres en souvenir de Passchendaele

Composée par Piet Swerts pour le centenaire de la troisième bataille d’Ypres, notamment sur des poèmes du soldat anglais Gurney, l’œuvre met en valeur la nature détruite puis renaissante comme métaphore des dévastations de la guerre et de la reconstruction. Le message de paix l’emporte sur la mémoire des sacrifices (1917, 2017)

Au printemps 2015, 138 ormes étaient plantés autour d’Ypres pour rendre visible aujourd’hui la ligne de front opposée à l’ennemi pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale. On a pu parler d’une sorte de nouvelle résurrection pour ces arbres déjà bien présents au début du XXè siècle, ceux qui leur avaient succédé après 1918 ayant été décimés par une maladie. Ils renaissaient comme l’ancienne cité drapière, presque entièrement détruite, avait su renaître de ses cendres.

La symbolique traverse allègrement les âges. En témoigne la circulaire qu’adressa le 7 mai 1919 le ministre de l’Agriculture Albéric Ruzette aux gouverneurs de Province, leur demandant de faire planter des arbres de la liberté « à la mémoire perpétuelle des victimes de la guerre » . Près d’un siècle plus tard, en 2017, c’est par la création d’une Symphonie des arbres, et en y plaçant le chiffre 138 au centre du processus musical, que le compositeur flamand Piet Swerts a répondu à la demande d’une œuvre en commémoration de la bataille de Passchendaele (ou troisième bataille d’Ypres) [1]. Le Symfonieorkest Vlaanderen dirigé par David Angus, avec Lee Bisset (soprano), Thomas Blondelle (ténor) et une série de chœurs, ont été mobilisés pour ce grand oratorio en cinq parties, marquant le centième anniversaire de la vaine offensive que déclencha l’état-major anglais, en novembre 1917, avec pour bilan plusieurs centaines de milliers de morts inutiles des deux côtés [2].

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Centenaire de la Grande Guerre: la patrie absente

Les événements commémoratifs ont été d’une exceptionnelle abondance, mais sans coordination entre les différents niveaux de pouvoir. Un premier bilan dressé pour la Région de Bruxelles-Capitale fait ressortir l’importance du registre de l’émotion et la prédominance d’une relecture du conflit esquivant la dimension patriotique au profit de thèmes d’actualité tels que le pacifisme, l’européanisme ou le féminisme (1914-1918)

   « Il est très probable qu’aucun événement historique n’a jamais généré dans la capitale autant de manifestations en tout genre, accompagnées d’une telle mobilisation d’acteurs publics, parapublics, associatifs et privés » . Tel est le constat dressé par les auteurs d’une étude portant sur pas moins de 434 activités recensées dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale – hors publications et articles de presse – sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale, entre le 1er janvier 2014 et le 30 juin 2017 [1]. L’agenda s’est fortement allégé dans les mois qui ont suivi cette dernière date, le retour de flamme étant attendu pour l’automne 2018 avec les cent ans de l’armistice.

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