Autant le dire tout de go: pendant la décennie qui a précédé la Seconde Guerre mondiale, la vie politique dans nos cantons de l’Est était dominée par une vague résolument antibelge. Aux élections législatives de 1929, le Christliche Volkspartei Eupen-Malmedy-Sankt Vith (Parti populaire chrétien, CVP), qui vient de se constituer et réclame une consultation populaire sur le retour à l’Allemagne, se hisse d’emblée à la première place avec 52,1 % des suffrages. Il la garde en 1932, même s’il est en recul avec 45,9 %. En 1935 lui succède le Heimattreue Front (Front de la fidélité à la patrie, HF), ouvertement soutenu et financé par le Troisième Reich. Dans l’incapacité de se présenter en 1936 après la déchéance de nationalité de plusieurs de ses responsables – dont Josef Dehottay, ex-figure de proue du CVP –, il peut pourtant crier victoire, près de la moitié des électeurs ayant suivi son appel à voter blanc ou nul. Et quand les zélateurs du national-socialisme sont en mesure de participer au scrutin, en 1939, ils en sortent numéro un avec 45,7 % des voix.
Ces données, parmi beaucoup d’autres, ont été rassemblées par l’historien Cédric Istasse, rédacteur en chef du Courrier hebdomadaire du Crisp, dans une analyse des quinze élections à la Chambre des représentants organisées dans la future Ostbelgien de 1925 à 1974 [1].
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