Le poète et le peintre au service de la fertilité dynastique

Les tableaux mythologiques de Titien, inspirés d’Ovide et destinés à Philippe II après son mariage avec Marie Tudor, sont animés par la conviction que les effets de l’art s’exercent sur l’imagination, l’âme et le corps. Le peintre a pris en compte la place d’Eros dans un cadre nuptial et l’importance de la beauté pour la fécondité (1550-1575)

   Roi d’Espagne et des conquêtes américaines et asiatiques, seigneur de nos Pays-Bas, régnant également sur le Portugal, Naples et la Sicile, par ailleurs duc de Milan, comte de Bourgogne et de Charolais, sans oublier quelques postes fortifiés en Afrique du Nord, Philippe II fut aussi, par son mariage avec Marie Tudor en 1554, Roi consort d’Angleterre. Cet événement, qui peut nous paraître insolite aujourd’hui, ne pouvait échapper à l’illustre Tiziano Vecellio, Titien en français, peintre de plusieurs cours mais principalement de celle des Habsbourg depuis 1530 environ.

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Philippe II et les insurgés des Pays-Bas prêts à faire la paix

A l’initiative de l’empereur germanique Rodolphe II, les représentants du Roi et des Etats généraux se sont rencontrés à Cologne. Les commissaires impériaux ont fait la synthèse des positions en présence. La médiation a échoué, mais elle a aidé l’empire hispanique à avancer ses pions en Europe tout en sauvant les meubles dans nos provinces (1579)

   Née du soulèvement d’une opposition disparate à la tutelle espagnole, la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), dont résulta l’indépendance formelle des Pays-Bas du Nord (Provinces-Unies), ne fut pas qu’un flux ininterrompu de combats. Bien avant la trêve de Douze ans (1609-1621), des tentatives de réconciliation jalonnèrent ces temps troublés.

   La pacification de Gand, en novembre 1576, avait été proche du but. En échange de l’allégeance réitérée des sujets à Philippe II, les troupes hispaniques se seraient retirées, les édits visant à contrer la diffusion du protestantisme auraient été suspendus et les Etats généraux convoqués. Mais le nouveau gouverneur général don Juan d’Autriche, désigné peu après, se heurta à l’opposition des élites du Brabant, de la Hollande et de la Zélande, avec Guillaume d’Orange pour figure de proue. Le règlement fut dès lors lettre morte et, déjà, apparurent les prémices du gouffre qui allait se creuser entre les Etats du Sud catholique, en lutte pour la restauration des coutumes garantissant leurs libertés, et le Nord soumis à l’influence croissante de la religion réformée.

  Même s’ils se soldèrent, eux aussi, par un échec, les pourparlers organisés à Cologne de mai à novembre 1579 méritent de retenir l’attention. Au regard d’Etienne Bourdeu (Université François Rabelais, Centre d’études supérieures de la Renaissance), ils ne furent, en effet, dénués ni de sens, ni d’utilité [1].

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