Peintre ou photographe, faut-il choisir ?

En 1881, le paysagiste et portraitiste Jan Van Beers est accusé à tort d’avoir peint sur des substrats photographiques. Le scandale fait réémerger les débats passionnés autour du statut artistique ou non des images produites à l’aide de l’invention de Nièpce, Daguerre et Talbot (années 1880)

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Jan Van Beers dans son studio à Paris vers 1885-1890. (Source: partie d’une photo plus large, auteur inconnu, compilée par Frank Wilbert Stokes, Frick Collection’s digital archive, https://digitalcollections.frick.org/digico/#/)

Y’a photo ou y’a pas photo ? S’ils avaient été en avance d’un siècle sur le chapitre du langage familier, c’est la question que se seraient posée, en été 1881, les visiteurs du salon de Bruxelles, alors consacré tous les trois ans aux œuvres des maîtres vivants. Peu après l’ouverture, en effet, l’un d’eux avait été accusé d’avoir réalisé ses deux tableaux exposés, Lily et Le yacht « La Sirène » , à partir de substrats photographiques. Et ce n’était pas le premier venu…

Né à Lierre en 1852, fils d’un poète fameux portant le même prénom, formé à l’académie des Beaux-Arts d’Anvers et installé à Paris, Jan Van Beers jouissait d’une enviable notoriété et faisait fortune dans la haute société. Ses peintures mondaines ou anecdotiques, bien oubliées aujourd’hui, y étaient alors des plus prisées. Pour elles, il avait abandonné la veine historique et patriotique qui l’inspirait à ses débuts. La rumeur et les polémiques dans la presse bruxelloise allaient-elles avoir raison de son prestige ?

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