Des chanoines entre trône et autel

La création d’un chapitre de 30 chanoines à ‘s-Hertogenbosch et l’extension ultérieure de sa sphère de compétence ont été voulues tant par le duc de Brabant que par l’évêque de Liège dont la ville dépendait. Mais les clercs ont dû faire face à la concurrence d’autres acteurs religieux (1366-1559)

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Une vue de ‘s-Hertogenbosch au XVIè siècle, où émerge l’église Saint-Jean. (Source: gravure sur bois publiée dans la « Descrittione di tutti i Paesi Bassi… » de Lodovico Guicciardini, Anvers, Guglielmo Silvio, 1567, entre les pp. 126 et 127,  https://amshistorica.unibo.it/185#; n. 1, p. 76)

Dans la sympathique complexité qui caractérise l’Ancien Régime, les géographies ecclésiastique et politique ne coïncident pas nécessairement. Ainsi est-ce l’évêque de Liège, Jean d’Arckel, qui fait procéder le 20 janvier 1366 à l’installation d’un chapitre (ou collège) de 30 chanoines à la paroisse Saint-Jean de ‘s-Hertogenbosch (Bois-le-Duc). Celle-ci relève de son diocèse tout en appartenant au duché de Brabant. La mesure est congruente à la montée en puissance économique et administrative de la ville. Les élites locales n’y voient pas d’inconvénient, le pouvoir ducal encore moins et pour cause: tout indique qu’il est à l’origine de cette décision.

Le cas n’est nullement isolé. En terres liégeoises, les plus anciens groupements de clercs – dits « réguliers » quand ils vivent en communauté – sont attestés aux alentours de l’an 1000. Même s’il ne s’agit pas là de leur fonction première, ils constituent un marqueur de l’autorité spirituelle ou temporelle, fournissant à celle-ci un réservoir de célébrants, d’enseignants, de scribes administratifs…  Jan Sanders (Brabants Historisch Informatie Centrum)  vient de livrer une série d’éclairages portant notamment sur l’exportation de ce modèle dans l’actuel chef-lieu de la Province néerlandaise du Brabant-Septentrional [1]Le chapitre dont elle a été dotée, ainsi que les autres apparus bien auparavant dans le nord du diocèse, « ne sont pas à comparer avec les vieux chapitres de Tongres, de Maastricht ou de Liège, qui sont nés dans des lieux d’implantation épiscopaux » , observe l’auteur. L’émergence s’opère ici « auprès des détenteurs du pouvoir local » et au profit, plus tard, du duc qui trouvera dans ces institutions un point d’appui pour « l’accroissement de son pouvoir dans le bailliage » .

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