Fortunes et infortunes d’un corso fleuri

Celui de Saint-Nicolas (pays de Waes) attira plus de 100.000 spectateurs dans les années ’50. La trop faible mobilisation locale était pourtant régulièrement déplorée. En déclin au cours de la décennie suivante, les problèmes d’organisation et de maintien de l’intérêt s’accumulant, il n’a plus été réédité depuis 1970 (1930-1970)

   Très vieille tradition, remontant jusqu’à l’Antiquité, les cortèges floraux connaissent une vogue particulière dans l’Europe de la fin du XIXe et du début du XXsiècles. Blankenberge (1895), Gand (1897) et Anvers (1901) se lancent précocement dans l’aventure. De nos jours encore, la Belgique et surtout les Pays-Bas comptent le plus grand nombre de corsos fleuris, organisés aux occasions les plus diverses. Le trend s’est renforcé pendant l’Entre-deux-guerres, moment où Saint-Nicolas (pays de Waes) est entrée à son tour dans la danse. Début d’une histoire à multiples rebondissements, que Marleen De Smedt, chercheuse locale, a récemment retracée avec un grand luxe de détails [1].

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Des martyrs inconnus chez les capucins de Bruxelles

De leur établissement supprimé sous le régime français demeurent notamment deux toiles de Gaspar de Crayer représentant les saints Agapit et Florent, inconnus au bataillon hagiographique. Avec d’autres, ils avaient été ramenés des catacombes romaines pour doter les frères mineurs d’un haut lieu spirituel (XVIIe-XVIIIe siècles)

   Quelle mouche a piqué Gaspar De Crayer, disciple de Rubens (1582-1669) – ou ses commanditaires – pour qu’il consacre deux toiles à deux saints dont on n’avait guère ou pas du tout souvenir, même à son époque ? A l’origine, les œuvres appartenaient à la communauté des capucins de Bruxelles. Elles sont conservées aujourd’hui aux musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) et ont fait récemment l’objet d’un travail de restauration, occasion pour Lara de Merode, diplômée de l’Université libre de Bruxelles, d’en retracer le cheminement [1].

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« Fiers d’être Bourguignons » ? L’héritage d’Henri Pirenne

Ecrite avec la volonté de dégager une trame dans le passé de nos territoires, son « Histoire de Belgique » fait du regroupement réalisé par les ducs de Bourgogne un moment décisif. Négligeant le maintien des particularismes, il s’écarte néanmoins du discours nationaliste en plaçant notre syncrétisme romano-germanique au cœur de l’Europe occidentale

   En 1932, Lucien Febvre, cofondateur en France des Annales d’histoire économique et sociale, qualifia d’ « acte national » l’Histoire de Belgique d’Henri Pirenne, qu’il tenait pour un de ses inspirateurs. Evidemment, on ne peut être la figure de proue d’un récit national sans être ipso facto dénigré par les tenants d’identités concurrentes – flamande, wallonne… – si elles se veulent en outre exclusives. Mais dans comme hors de nos frontières, l’historien né à Verviers en 1862, mort à Uccle en 1935, demeure une référence et un père de ce qu’on appellera plus tard la nouvelle histoire, entendez celle qui explore et intègre pleinement les données de la vie matérielle et de la vie culturelle aux sens les plus larges.

   La carrière même du maître épouse de bout en bout les diversités belges. Venu au monde en terres ci-devant principautaires, formé d’abord à l’Université de Liège, il approfondit sa science en Allemagne et en France avant d’être, pendant plus de quarante ans, professeur à l’Université de Gand  puis, après s’être opposé à la néerlandisation complète de cette institution, à celle de Bruxelles.

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