Maastricht au front pionnier, Liège aux avant-postes

Rattachés aux Provinces-Unies protestantes, la cité de saint Servais et ses environs n’en sont pas moins demeurés partie intégrante du diocèse de Liège. La fragile coexistence des Eglises catholique et réformée n’y a pas fait taire les controverses, avivées par un pasteur français des plus combatifs (1632-1636)

Riche est l’Ancien Régime en singularités institutionnelles et en configurations territoriales inattendues. Le statut de Maastricht constitue à ces égards un cas des plus exemplaires. Placée sous la cosouveraineté des rois d’Espagne (en tant que ducs de Brabant) et des princes-évêques de Liège, la ville conserve ce régime même après son rattachement aux Provinces-Unies en 1632, dans la dernière phase de la guerre de Quatre-Vingts Ans. Tout en se situant hors de la principauté et dans un Etat né de la Réforme protestante, la cité de saint Servais continuera de faire partie du diocèse de Liège.

Enjeu stratégique de taille, contrôlant le passage de la Meuse, la place est aussi montée en puissance symbolique dans les deux camps, ayant subi à la fois les flambées iconoclastes et la furie espagnole. Mais les nouveaux maîtres jugent opportun d’agir avec prudence. On ne rééditera pas ici l’opération radicale menée en 1629 à Bois-le-Duc où la « Milice » orangiste « a laissé quelques Couvens de Religieuses, mais chassé tous les gens de l’église » , selon le témoignage d’Henri de Turenne, alors jeune soldat dans l’armée de son oncle [1].
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De Tournai à New York… sans passer par Ohain

Les colons qui achetèrent aux Indiens une partie de Manhattan, future New York, en 1626 appartenaient à la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Mais ils provenaient en grande partie de nos régions. Les racines familiales de leur gouverneur Pierre Minuit plongent dans le Tournaisis (1626-1638)

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Vue de Nieuw-Amsterdam dans « Novi Belgii Novaeque Angliae nec non partis Virginiae tabula » , carte de Nicolaes Visscher, éd. v. 1690. (Source: coll. John H. Levine, New York Public Library, https://digitalcollections.nypl.org/items/510d47da-f127-a3d9-e040-e00a18064a99)

   A Battery Park, sur la pointe sud de Manhattan, se dressent deux monuments dédiés aux colons qui, en 1626, achetèrent aux Indiens cette partie de l’île qui porte leur nom (Manhattes ou Manhattans, liés à la nation Delaware). Le prix défiait toute concurrence: quelques tissus, outils et ustensiles européens pour une valeur de 60 florins d’époque (environ 800 euros actuels, à la grosse louche bien sûr). Ces fondateurs appartenaient à la Compagnie hollandaise des Indes occidentales, mais ils provenaient en grande partie de nos régions. Là où ils élevèrent une palissade en bois pour se protéger passe aujourd’hui Wall Street, alors que le chemin qu’ils empruntaient pour l’acheminement du blé – breedweg – est devenu Broadway. A la tête de la communauté, Pierre Minuit, qu’on voit en transaction avec un chef autochtone sur un bas-relief à l’entrée du parc, fut longtemps considéré comme un natif d’Ohain, une section de la commune de Lasne dans le Brabant wallon. C’était toutefois erronément, comme le confirme encore Yves Vanden Cruysen dans la biographie qu’il a consacrée au pionnier majeur de New York [1]: les racines familiales de cette grande figure se situent bien dans l’espace belge, mais il faut aller un peu plus au sud, à Tournai, pour les retrouver.

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